ODDH Burkina Faso

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Communiqué de Presse, le 29 mars 2019

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L’armée du Burkina Faso accusée de 176 exécutions arbitraires

 

BURKINA FASO : accusées de 176 exécutions arbitraires commises entre septembre 2018 et février 2019, les Forces de Défense et de Sécurité (FDS) sont gravement mises en cause dans le dernier rapport de l’ONG International Human Rights Watch1 (HRW) qui documente 116 cas dans la région du Sahel du Burkina Faso et dans le rapport de l’ONG burkinabè Mouvement Burkinabè des Droits de l’Homme et des Peuples2 (MBDHP) qui témoigne de 60 exécutions arbitraires dans le département de Kaïn le 4 février 2019. Compte tenu de la gravité de ces exécutions par les FDS et des multiples cas d’atteinte à l’intégrité physique dont des viols, HRW urge aujourd’hui le gouvernement des États-Unis d’appliquer la Loi Leahy3        

 

Les FDS furent déjà pointées du doigt par les partenaires du G5 Sahel, pour être le maillon faible dans la lutte contre le terrorisme; depuis 2015, le pays compte plus de 600 morts. A cela s’ajoutent maintenant les témoignages accablants publiés dans les rapports de HRW et celui de MBDHP. Ils affirment que le modus operandi des FDS pour lutter contre le terrorisme fut à multiples reprises le suivant : les militaires prennent d’assaut des villages ou quartiers, le plus souvent avant le lever du soleil. Ils exécutent plusieurs personnes dont des femmes5, ceux qui dorment encore dans leurs chambres et dont les proches nient catégoriquement tout lien avec des groupes terroristes.

 

« Nous ne comprenons pas qui ils tuent et pourquoi. Si certaines personnes sont soupçonnées d’être des djihadistes, il faut les détenir et les envoyer à Ouagadougou pour qu’elles y soient interrogées et jugées, au lieu de les tuer et de les laisser dans la brousse », déclare un chef peul à HRW.

Selon le journal français Le Monde6, « Les forces de sécurité ont été considérablement affaiblies du fait du départ du président Compaoré, en octobre 2014. En outre, les capacités en matière de renseignement sont bien trop faibles pour avoir une quelconque efficacité. » Depuis, l’armée a été complètement réorganisée. L’unité d’élite (RSP) de 1 300 éléments dont la très grande majorité étaient spécialisés dans la lutte contre le terrorisme, fut dissoute le 6 octobre 2016. La gendarmerie (la police militaire), fut renforcée au détriment de l’armée. Aujourd’hui, les gendarmes et les soldats portent souvent le même uniforme militaire au Burkina Faso. « Selon des témoins et des fins connaisseurs des FDS, la gendarmerie serait le principal auteur de ces graves violations », indique le rapport de HRW.

 

Deux hommes de confiance du Président Roch Kaboré, furent nommés Ministre de la Défense : sous Monsieur Jean-Claude Bouda, Directeur pendant une décennie de la Foire de l’artisanat biennal (SIAO), le Burkina perd le contrôle sur le nord et l’est de son territoire. Puis Monsieur Chérif Sy, un journaliste, lui succède à la tête de l’armée en janvier 2019, mandat pendant lequel les FDS sont accusées de graves violations des droits de l’Homme. Le 6 février, Reuters7 donne l’alerte sur le fait que différentes ONGs de défense des droits de l’Homme accusent les FDS burkinabè d’exécutions. L’ONU en visite au Burkina le 24 mars déclare à propos du rapport accablant contre les FDS, « Il faut un message fort aux victimes, un message fort aux coupables8 ».

Il y a même une raison urgente pour rompre le silence : « En tuant de gens sans justification, surtout des sages d’une communauté, vous créez vingt nouveaux terroristes ; la lutte contre le terrorisme engendre aujourd’hui plus de problèmes que le terrorisme lui-même », remarque un officier de l’armée burkinabè lors d’un entretien avec HRW le 24 janvier 2019.

 

Est-ce que c’est normal que les forces de sécurité tuent les gens comme ça ?

« Ils ont fouillé leurs maisons, mais n’ont trouvé aucune arme. Abdousalam a dit : « Je ne viendrai pas avec vous ! Si voulez me tuer, eh bien tuez-moi dans mon village. » Alors ils les ont abattus tous les trois... derrière les maisons. Les femmes hurlaient, son épouse a essayé d’intervenir, mais ils ont menacé de la tuer. Ils n’ont même pas contrôlé leur identité. Est-ce que c’est normal que les forces de sécurité tuent les gens comme ça? *»

*Entretien téléphonique de HRW avec un témoin, province de Soum, Ouagadougou, 20.01.2019

 

http://radiotankonnon.over-blog.com/2019/03/rapport-du-mbdhp-sur-les-executions-de-kain-le-gouvernement-prend-acte-des-allegations.html http://www.mbdhp.org/

Photo libre de droits, Un Peul et son fils, Région du Sahel, Burkina Faso

Les Peuls représentent 90% des victimes d’exécutions arbitraires

Pour plus d’information, veuillez contacter :

Lookman SAWADOGO ––  Burkina Faso –– Président de ODDH –Journaliste – Activiste Droits de l’Homme – Directeur du journal burkinabè Le Soir

lookmannsawad@gmail.com    +226 78 31 78 79

et

Tessy WINKELMAN –– Pays-Bas –– Newsworld (English, Français, Deutsch, Español, Nederlands)

tesswinkelman@gmail.com      +33 6 11 44 28 88

 

Télécharger le communiqué de presse ici

 

 



30/09/2020
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